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Interview avec une arbitre féminine prometteuse d’Abu Dhabi sur l’ambition, la pression et la façon de garder un équilibre sain.

Maayke van der Pluijm

Cette interview a été réalisée en anglais et le texte a été adapté pour être traduit en français.


Fin novembre, notre co-fondatrice Maayke van der Pluijm a eu la chance de commencer un projet avec la United Arab Emirates Football Association pour accompagner un groupe de futurs arbitres dans leur développement personnel. Dans le cadre de leur développement, ils recevront des workshops, du coaching et du suivi, tous axés sur le développement de leurs compétences et de leurs talents.


L’une des participantes est Amal Badhafari, une femme de 29 ans originaire d’Abu Dhabi. Elle est l’une des arbitres de haut niveau les plus prometteueuses. Maayke a eu l’opportunité de lui poser quelques questions pour notre plateforme Psycho&Sport. Elle a accepté de partager ses ambitions, ses expériences et surtout de nous expliquer comment elle fait face à la pression qu’elle subit.


Une ancienne joueuse devient arbitre… Comment Amal est-elle devenue arbitre ?

Amal et son frère jouaient au foot à un haut niveau et ce sport occupe une place importante dans sa famille. Lorsqu’elle a regardé une fois un match de haut niveau, celui-ci était arbitré par une femme, ce qui a directement déclenché non seulement beaucoup de questions, mais aussi une grande envie de le faire elle-même. Amal raconte : « Je ne savais pas que nous étions autorisées à arbitrer des matchs en tant que femmes, cela m’a paru tellement évident que je voulais aussi le faire ! Cela m’a semblé être un défi incroyable.


Tout va si vite, il faut penser et agir vite, prendre des décisions rapides et être concentré en continu. Lorsque tu arbitres un match d’hommes, la vitesse est encore plus exigeante ».

Elle a demandé à un ami et elle a découvert que la FIFA est très active dans le développement de leaders et de modèles féminins dans le foot et qu’il y avait un moyen de réaliser ses rêves. C’est finalement son directeur d’arbitrage qui l’a encouragée et lui a permis de commencer sa formation d’arbitre. Depuis, ses ambitions n’ont fait que croître. La semaine prochaine, elle arbitrera pour la première fois un match amical de première ligue. « Cela signifie beaucoup pour moi », dit-elle.


Que signifie la pression pour Amal dans la vie en général et en tant qu’arbitre ?

Amal travaille à plein temps pour une compagnie d’assurance, s’entraîne 5 jours par semaine et a en moyenne 2 à 3 matchs par semaine qui ont souvent lieu dans d’autres pays. La moitié de ses entraînements ont lieu dans les locaux de la fédération à Dubaï, ce qui signifie de longues heures de voyage et de courtes nuits. « C’est parfois épuisant, dit-elle, aussi bien mentalement que physiquement. J’ai tellement d’opportunités, mais avec tous les voyages que cela implique, je sens souvent qu’il y a une limite à ce que je peux faire. » Dans ces moments-là, la pression est très forte pour Amal et elle doit faire preuve de créativité et trouver des solutions.


Pendant les matchs, c’est aussi une véritable cocotte-minute. « Les joueurs me respectent, dit-elle, et je ressens une bonne pression lorsque j’arbitre, mais l’impact du public et ce que les gens écrivent sur moi sur les médias sociaux peuvent être très négatifs. De plus, nous devons passer des tests physiques qui sont les mêmes que pour les hommes. Je sais que je peux réussir ces tests, mais c’est extrêmement stressant car je pense que nous devons faire davantage nos preuves en tant que femmes. »


Comment Amal arrive-t-elle à gérer la pression ?

Tout d’abord, Amal sait ce qu’elle veut. Elle est très claire sur ses ambitions.

« Je veux montrer à tous les gens qui m’entourent qu’une femme peut arbitrer un championnat masculin au plus haut niveau, dit-elle. C’est mon talent, et c’est mon devoir de montrer à toutes les filles que nous pouvons faire ce que beaucoup de gens ne peuvent pas faire. Mon ambition me rend forte. De plus, ma famille me soutient à 100%, elle me permet de poursuivre mes rêves. Le rôle de la famille est très important dans notre culture, car avec le soutien et l’approbation de la famille, les femmes peuvent accomplir de grandes choses. Pour ce qui est de la pression des médias, j’ai réussi jusqu’à présent à l’ignorer complètement. »


Comment maintient-elle un équilibre sain dans sa vie ?

Nous avons également discuté de la façon dont les grandes ambitions peuvent parfois éclipser notre santé et nous encourager à ignorer notre bien-être mental et physique. Comment Amal fait-elle face à cette situation ?


Est-elle capable de garder un équilibre et si oui, comment ? « Parfois, dit-elle, j’ai l’impression qu’il est très difficile d’écouter mon corps car la pression est très forte et même si je ne veux pas m’entraîner ou si je suis extrêmement fatiguée, j’ai l’impression que mes entraîneurs ne me comprendront pas. J’ai l’impression que je n’ai pas d’autre choix que de travailler très dur pour atteindre le même niveau de forme physique que les hommes, par exemple. Mon entraîneur ne cesse de me pousser. Nous essayons également de trouver des solutions pour les déplacements lourds vers le lieu d’entraînement, mais le seul endroit où je peux m’entraîner est la base militaire d’Abu Dhabi et nous ne sommes pas autorisés à y aller. » Des situations comme celles-ci sont difficiles pour elle lorsqu’il s’agit de maintenir un bon équilibre. En ce moment, Amal dit qu’elle se sent très fatiguée, et elle a décidé de prendre un peu de repos. La semaine prochaine, elle partira en vacances en Turquie avec sa mère pour se reposer et retrouver son énergie afin de pouvoir s’entraîner à nouveau. Son ambition est imbattable, et elle doit donc encore plus faire attention à gérer son énergie de manière intelligente. Les personnes qui combinent différents parcours professionnels avec autant de passion doivent être très attentives à la manière de rester en forme physiquement et mentalement.


Trouver des solutions durables est un véritable exercice d’équilibre. Et c’est exactement ce à quoi Amal et moi allons-nous consacrer dans les mois à venir. Bon repos Amal et à bientôt en janvier !


Je tiens à remercier Amal d’avoir pris le temps de partager avec moi ses expériences honnêtes et précieuses.


Tu es une véritable inspiration pour les autres femmes arbitres et c’est un grand honneur et un plaisir de travailler avec toi !

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